On pourrait tenter de définir l’open space comme un espace de travail ouvert, dénué de tout cloisonnement et destiné à plusieurs salariés, et voulant faire tomber les “barrières” managériales.
Cependant l'open space, depuis son origine a revêtu de très nombreux sens. Ainsi l’on désigne par open space des espaces chargés d’ambiances, de ressenties et d’expériences fort différentes selon qu’on y a travaillé dans les années 1950, 1960, 1980 ou qu’on y travaille de nos jours… Voici, pour bien comprendre l’idée d’open space, un point sur l’histoire de cet espace de travail le plus répandu du 20e siècle.
L’apparition de l’open space (ou plateau ouvert) dans nos univers de travail est plutôt difficile à situer puisqu’elle est le résultat de nombreux événements historiques. Au début du XXe siècle, l’évolution du modèle économique bouleverse le monde du travail. L’arrivée du Taylorisme et son ambition d’optimiser les rendements coïncide avec la réorganisation des espaces de travail.
En 1906, à New-York, les buildings fraîchement sortis de terre étalent déjà des bureaux décloisonnés sur plusieurs centaines de mètres carrés, permettant aux managers de contrôler la productivité plus facilement, tout en gagnant de la place.
Il faudra attendre la forte croissance économique d’après-guerre pour que cette nouvelle organisation de travail soit adoptée par la plupart des entreprises.
Dépeints comme nuisant à l’intimité, source de stress et de vices (ragots, espionnage de la part des collègues par exemple) ou encore vide de personnalités, on considérait ces espaces comme étant confortables uniquement à l’égard des travailleurs haut-placés. Ainsi, il n’était pas rare à l’époque que les chaises les moins ergonomiques soient laissées aux femmes et aux employés peu qualifiés. Ceux travaillant dans un bureau individuel étant généralement les dirigeants...
L’idée d’open-space améliorant la qualité de vie au travail germe dans les années 1950, dans l’imaginaire de deux consultants allemands, les frères Eberhard et Wolfgang Schnelle. Las d’une vie de travail régie par des types d’organisations au travail qu’ils jugent “totalitaires”, ils prônent alors l’open-space selon le credo : « Un espace de travail ouvert ouvre les esprits ».
Dans leur vision de l’open space idéal, les plateaux sont proposés sans cloisons et permettent de favoriser la communication. À cela s’ajoute une volonté de donner de l’espace à chacun, de réduire les nuisances sonores et de conserver l’intimité de tous. Ainsi, les nouveaux espaces sont constitués comme des “bureaux paysagers” et sont agrémentés de nombreuses plantes vertes permettant de structurer la pièce.
Le concept fait un carton en Allemagne et est repris et puis exporté de l’autre côté de l’Atlantique.
Sous la pression du coût de l’immobilier nord-américain, couplé à la recherche de la productivité à tout prix, l’esprit du “Bürolandschaft” des frères Schnelle est noyé. Les open-spaces se transforment en “cages à poules”, oubliant de prévoir l’espace nécessaire à chacun afin de contrebalancer l’absence de cloisons. On y entasse le plus de salariés possible.
En 1965, Robert Probst invente le “cubicle”. Ce bureau modulable comporte 4 pans et permet aux employés de communiquer avec leurs collègues lorsqu'ils se lèvent, tout en conservant leur intimité une fois assis. Dans certaines entreprises, les parois des “cubicles“ peuvent être personnalisées par leurs occupants.
On dit que le concepteur reniera l’invention sur son lit de mort, son “Action Office" ayant perdu son intérêt de départ consistant à accorder suffisamment d’espace à chaque employé, pour finalement ne faire qu’enfermer les employés dans des boîtes à sardines.
Dans les années 1980, la France adopte l’open space dans sa forme la plus similaire au “Bürolandschaft“, ce qui marque un tournant dans l’organisation des espaces.
Aujourd'hui, environ 60 % des salariés français occupent un poste de travail en open space. Le modèle traditionnel a évolué pour se rapprocher de modèles plus modernes. En effet, l’idée n’est plus de permettre au manager de surveiller ses équipes mais bien d’améliorer la qualité de vie au travail et le bien-être des salariés.
Les plateaux ouverts sont désormais personnalisés et personnalisables, et disposent de plusieurs types d’espaces associés (salle de réunion, salle à manger, cuisine, salle de détente, salle de sieste ...) permettant à ses occupants de se sentir comme chez eux mais aussi de s’isoler quand le besoin s’en fait sentir.
Les postes de travail peuvent être très différentes selon les types d’open-space : poste sans cloisons, grandes tables partagées, bureau individuel, poste nomade ou fixe : le nomadisme est très répandu dans les espaces de travail prônant le flex office... Le but est de satisfaire les besoins de chacun.
Le travail en open space impose donc une vie en communauté, et sous-entend un grand respect mutuel, une communication ouverte et efficace, une possible mobilité dans l'espace ainsi qu'un cadre de vie et de travail atypique.
Le coworking s’est développé ces dernières années sur ce type d’aménagement de l’espace de travail. Le but : partager les espaces dédiés au travail et les espaces de détente en améliorant leur expérience.
Bien sûr, travailler en open space, même quand c’est confortable impose un certain nombre de règles de vie pour vivre une expérience de colocation agréable avec ses collègues… Du fait de la proximité, il est recommandé d’apporter ses écouteurs ou son casque anti-bruits et de s’armer de patience. Le voisin de bureau n’a pas toujours conscience du bruit qu’il fait en remuant les pieds au rythme du nouveau tube à la mode.
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